Depuis plusieurs trimestres, on observe une baisse des montants investis, mais pas un retrait du capital-risque : il se professionnalise. Ce recentrage, loin d’être une mauvaise nouvelle, crée des fenêtres d’opportunité pour les modèles technologiques durables et pour la deeptech.
Le repli des montants alloués, mais pour autant pas celui du Capital Venture
« Le capital-risque n’est pas en retrait, il se professionnalise. Moins de volume, plus d’exigence : une opportunité pour la deeptech et les modèles solides. »
Emmanuel Papadacci-Stephanopoli, directeur général délégué du Village by CA Paris.
Quelles sont les raisons et conséquences de ce repli ?
- Moins d’argent
- Sélection vers modèles scalables et defensible tech
- Meilleur accompagnement stratégique attendu

Moins de volume, plus de preuves
À chaque trimestre, le même refrain : « la tech va mal », « les montants baissent », « les fonds se retirent ». On confond rôle et volume. Le capital-risque n’a jamais été un hélicoptère à cash. Son utilité est d’identifier, structurer et accompagner des entreprises capables de croître plus vite que leurs coûts grâce à un avantage technologique.
Le capital-risque n’a pas vocation à subventionner l’ordinaire. Il vise l’extraordinaire : des modèles réellement « scalables », où l’automatisation, les effets de plateforme, la propriété intellectuelle, la donnée ou des barrières à l’entrée robustes permettent d’activer l’hypercroissance. Mesurer la santé d’un écosystème au seul volume de capital déployé revient à juger une politique industrielle au nombre de communiqués : l’indicateur est bruyant, rarement pertinent.
Les 4 domaines principaux

Sélectivité

Pédagogie

Singularité

Exigence

Une sélectivité nécessaire
La sélectivité n’est pas une contraction, c’est le retour à la rationalité après des années d’allocation accommodante. Mieux vaut dix millions orientés vers des modèles solides que cent millions dilués dans des projets fragiles. Un marché de l’investissement dans la tech qui normalise ses tours ne décline pas : il réapprend à distinguer l’innovation disruptive de l’amélioration incrémentale, la start-up d’un pur acteur de services. La rareté n’est pas un défaut ; c’est une fonction. Elle accélère les meilleurs et clarifie les priorités.

La fonction pédagogique méconnue
Un refus d’investissement n’est pas un verdict, c’est un diagnostic. Il dit parfois : l’effet d’échelle n’est pas démontré ; le marché adressable est trop étroit ; la barrière technologique est insuffisante ; le modèle repose trop sur la main-d’œuvre. Cette évaluation, exigeante, a une vertu pédagogique : elle évite des illusions coûteuses, pousse à revoir un positionnement, à resserrer la mise sur le marché et à renforcer l’économie unitaire. Les bons fonds ne se contentent pas de signer des chèques : ils transmettent les meilleures pratiques.
Cette discipline n’oppose pas les entrepreneurs aux investisseurs. Elle instaure un langage commun. À cette aune, un « non » clair aujourd’hui vaut mieux qu’un « oui » tiède qui coûtera trois ans.

La singularité deeptech
Avec l’essor de la deeptech, cette exigence devient décisive. Ce segment concentre des emplois qualifiés, des actifs stratégiques et des effets d’entraînement territoriaux. Ici, le temps est une variable de capital : cycles d’essais, démonstrateurs, certifications, sécurisation de la chaîne d’approvisionnement, premiers contrats industriels. L’enjeu n’est pas de « brûler » plus longtemps, mais d’apprendre plus vite et de convertir une preuve de laboratoire en preuve économique.
Cette traversée réclame des équipes d’investissement capables d’articuler :
- subventions
- fonds propres
- dette
Le but étant de piloter des lignes pilotes, d’ouvrir les bons guichets publics, d’orchestrer des achats d’amorçage chez des donneurs d’ordre privés, de lire les risques industriels autant que les promesses scientifiques. Autrement dit, un capital-risque d’ingénierie : patient, techniquement aguerri, attentif à la fabrication comme au logiciel. La France dispose d’atouts : recherche de premier plan, ingénieurs, grands groupes capables de co-développer, filières industrielles qui se recomposent. Il nous faut transformer ces atouts en trajectoires exportables. La deeptech n’est pas seulement un enjeu financier, c’est une politique industrielle.

La voie exigeante
Ce que l’on observe, en vérité, relève moins d’un retrait que d’une professionnalisation : moins d’opérations spéculatives, plus d’attention aux fondamentaux, davantage de capital concentré sur des projets qui peuvent tenir la cadence.
Le capital-risque français ne se retire pas : il se recentre. Il ne renonce pas à l’ambition : il la canalise.
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