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On voit aujourd’hui que l’impact n’est plus un « plus », mais une attente des utilisateurs, des investisseurs, des collaborateurs — voire une nécessité réglementaire.
On va ensemble explorer les leviers concrets, les défis, et les solutions pour que l’impact ne soit pas pour “plus tard”, mais “dès maintenant”.
Par où commencer ? Comment passer de l’intention à l’action sans se se freiner ?

Vincent DESNOT, CEO de l’entreprise Teach on Mars, Alex GERBAUD, Venture Capital Investor chez INNOVACOM et Yasmine Machwate, Responsable des Incubateurs à EDHEC Entrepreneurs partagent leurs conseils concrets à destination de celles et ceux qui veulent entreprendre avec du sens, sans renoncer à la performance et à la croissance.

Pourquoi intégrer l’impact dès le début d’une startup ?

👉 Parce que corriger plus tard coûte cher : Quand une startup grandit, les process se figent. Changer une organisation déjà en place (avec ses réflexes, ses  collaborateurs et sa gouvernance) prend du temps, de l’argent et beaucoup d’énergie. C’est pourquoi il vaut mieux intégrer l’impact dès le début. Changer ensuite la manière de recruter, de produire, ou de collaborer avec ses partenaires devient un chantier long et coûteux, voir impossible. On ne change pas une culture.

Mieux vaut donc intégrer l’impact dès le départ — dans le produit, le modèle économique, la gouvernance et la culture interne. On peut poser des bases solides, alignées avec ses valeurs qui sont là dès le départ. On installe une culture saine, qui ne disparaît pas avec la croissance, et on évite le rétrofit coûteux plus tard.

👉 Parce que le marché l’impose déjà : Aujourd’hui, intégrer l’impact n’est plus un “plus”, c’est devenu une attente concrète de l’écosystème. Les pactes d’actionnaires intègrent des clauses ESG dès les premières levées de fonds. Les banques, même pour un simple prêt, posent des questions précises sur vos engagements environnementaux, sociaux ou de gouvernance. Côté business, les grands comptes deviennent de plus en plus exigeants avec leurs prestataires. Ils demandent des preuves d’impact, des politiques claires, des indicateurs suivis. Les appels d’offres publics ou privés incluent désormais des critères RSE dans leurs grilles d’évaluation. 

👉 Parce que les talents vous regardent : Aujourd’hui, les jeunes talents choisissent une entreprise autant pour ce qu’elle fait que pour ce qu’elle incarne. Ils veulent comprendre à quoi ils vont contribuer, comment l’entreprise traite ses équipes, ses partenaires et l’environnement.
Un joli discours sur “l’impact” ou “les valeurs” ne suffit plus : ils vérifient.
Ils scrutent votre site, vos réseaux, vos actions concrètes et les avis d’anciens collaborateurs avant de postuler.

Intégrer l’impact dès le départ, c’est donc un vrai levier RH :

Intégrer l’impact dès le départ, c’est donc un vrai levier RH :
➣ vous attirez des profils exigeants, motivés par le sens,
➣ vous renforcez leur engagement au quotidien,
➣ et vous réduisez le turnover, souvent coûteux pour une jeune startup en croissance.

En clair : une culture d’entreprise authentique et alignée attire les bons talents — et les fait rester.

Comme le montre l’exemple de Yuka, refuser certains partenaires ou modes de communication pour rester fidèle à ses valeurs a un impact positif sur la marque, les clients et le recrutement. La culture ne se décrète pas : elle se construit dès le départ et s’inscrit dans le temps.

Ce que montre l’expérience de terrain

Chez Teach on Mars, Vincent Desnot (General Manager) a intégré l’impact dès les premières étapes. Pas à coups de grands discours, mais par des choix simples et cohérents : incitation au covoiturage, restauration plus saine, et surtout une mission claire — faire de l’éducation un levier d’impact. Cette vision s’est naturellement traduite dans le modèle : diffusion gratuite de micro-learning à des ONG via le programme Tech on Earth, alignement entre valeurs du fondateur et activité de l’entreprise. Résultat : l’impact n’est pas un sujet “ajouté”, c’est une culture ancrée, vivante et durable.

Du côté de l’EDHEC, Yasmine Machwate (Responsable des incubateurs) démarre toujours l’accompagnement par un diagnostic terrain.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 92 % des fondateurs se disent convaincus de l’importance de l’impact, mais seulement la moitié se sentent capables de passer à l’action.

D’où la nécessité de poser les bases : clarifier sa raison d’être, identifier les effets négatifs potentiels de son activité, puis structurer la démarche autour d’indicateurs, de la gouvernance, des processus RH et même de la gestion des actionnaires.

Pourquoi les métiers “non impact” ont tout à gagner à s’y mettre

a) Impact et financement : un critère incontournable

Pour Alex Gerbaud, ne pas intégrer l’impact devient un handicap. Aujourd’hui, même pour les fonds non spécialisés “impact”, l’intégration de critères ESG (environnementaux, sociaux, de gouvernance) devient incontournable. Les diagnostics ESG sont désormais systématiques pour :

■ lever des fonds
■ accéder à des crédits bancaires,
■ répondre aux appels d’offres des grands comptes.

Ignorer l’impact n’est plus une option : c’est un frein potentiel à la croissance et au développement. Les entreprises qui l’intègrent tôt se différencient et sécurisent leur futur.

Et l’impact, ce n’est pas seulement le climat ou la décarbonation, c’est aussi le partage de la valeur avec les salariés, la mixité dans les équipes, le choix de fournisseurs responsables ou la réinsertion professionnelle.

b) Impact et performance : deux faces d’une même pièce

Pour créer un impact réel, la startup doit exister et vendre. Sans marché et clients, pas de transformation possible. L’impact devient alors un avantage compétitif : il permet de se différencier, de séduire des talents et de convaincre des investisseurs.

C’est aussi un moyen de renforcer le product-market fit, en confrontant ses idées sur le terrain et en testant des solutions qui correspondent aux valeurs de la startup.

C’est aussi un moyen de renforcer le product-market fit, en confrontant ses idées sur le terrain et en testant des solutions qui correspondent aux valeurs de la startup.

L’exemple de Modulance, dans le BTP, en est une bonne illustration. L’entreprise fabrique du béton, ce qui n’est clairement pas ‘impact’ au départ. Pourtant, par exemple, l’entreprise a choisi de travailler avec France Travail pour recruter des profils éloignés de l’emploi — un engagement social fort, mais aussi un moyen concret de se différencier sur le marché.

L’entreprise a également travaillé sur l’éco-conception  mise également sur un béton décarboné et une production en usine qui crée des emplois locaux. Ce sont des choix industriels concrets, porteurs de valeur. Résultat : un vrai levier de différenciation, une meilleure image employeur, et un accès facilité à certains marchés.

« Sans business, pas d’impact. Sans impact, bientôt plus de business. » Vincent Desnot

Les deux se nourrissent mutuellement : l’impact ne remplace pas votre proposition de valeur, il la renforce, la rend plus claire, et ouvre des portes : talents, investisseurs, clients… tout en réduisant certains risques : réputation, réglementation, opérations.

⚠️ À retenir : pas de clients, pas de marché, pas d’impact. Restez centré sur la valeur réelle et ancrez l’impact dans le concret.

Comment bien poser les bases ? 

Commencez par formuler votre raison d’être. Une phrase claire, centrée sur votre utilité et le problème que vous résolvez. L’objectif : aligner valeur business et ambition d’impact, pour que l’un serve l’autre.

Puis, choisissez trois engagements clés. Pas plus. Ils doivent être activables tout de suite, liés à votre produit ou vos clients, faciles à suivre et à expliquer. Mettez-les à jour régulièrement. Vos utilisateurs sauront faire la différence entre un discours et des actes.

Enfin, limitez-vous à cinq indicateurs. Des KPIs utiles, connectés à votre activité : acquisition, rétention, revenu… Si une action d’impact n’influence rien, posez-vous la question. Mieux vaut un vrai choix assumé qu’un indicateur vide.

Les bons outils, sans y passer des semaines :

B Impact Assessment (B Corp) : un questionnaire complet pour évaluer votre maturité et prioriser vos actions.
Impact Score – Mouvement Impact France : un diagnostic rapide avec comparaison à des entreprises similaires.
Grille d’évaluation daphni (impact investisseur) : une lecture VC des critères d’impact, utile pour préparer une levée de fonds
Guide de la responsabilité EDHEC (open source) : un cadre clair, des exemples concrets et des ressources open source pour structurer sa démarche.

Ce qu’il faut retenir

Commencez tôt : c’est plus simple, plus durable, et moins coûteux.
Mesurez vite : sans indicateurs, l’intention ne tient pas.
Restez centré sur votre valeur business : l’impact la renforce, il ne la remplace pas.
Soyez prêts : financeurs, banques, clients… tous attendent des preuves.
Soignez votre marque employeur : l’impact attire, engage, fidélise.

FAQ – Impact & startups

Comment commencer quand on est une petite équipe ?
Commencez simple. Faites un diagnostic rapide, définissez trois engagements clairs, fixez deux KPIs, et testez. Inutile d’attendre d’être 50 pour s’y mettre.

Est-ce que ça coûte plus cher ?
Pas forcément. Il existe des façons simples et peu coûteuses de démarrer et à moyen terme, il permet souvent d’économiser  : moins de turnover, moins de risques juridiques, une meilleure réputation. C’est aussi un vrai levier d’acquisition : il attire clients, talents et partenaires.

Faut-il devenir entreprise à mission ?
Pas dès le départ. Commencez par protéger votre mission via la gouvernance. Le statut pourra venir plus tard, quand la vision est stabilisée.

Et si mes clients ne jurent que par le prix ?
Misez sur la transparence. Expliquez la valeur de votre offre : qualité, fiabilité, service. Montrez ce que ça change concrètement.

Ce que veulent les investisseurs ?
Des éléments concrets. Un diagnostic, des indicateurs liés au business, une gouvernance claire. Et surtout, une stratégie d’impact crédible et bien intégrée dans le projet de croissance.