Robotique agricole, agriculture de précision : comment accompagner la transformation des méthodes de culture ?
Hausse des besoins alimentaires, changement climatique dont l’impact pèse sur les récoltes, limitation de l’empreinte environnementale, l’agriculture est au cœur de ces enjeux qui demandent un véritable effort d’innovation. Pour répondre à ce défi, les investissements convergent de plus en plus vers la food et l’agritech. Fort de son histoire écrite par le Crédit Agricole, Le Village by CA se positionne notamment dans l’accompagnement de nombreuses start-up spécialisées dans le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire.
Les levées de fonds en France ont connu leur point culminant en 2021 avec plus 11,6 milliards d’euros investis dans les entreprises tous secteurs confondus. Bien que la majorité des investissements soient toujours absorbés par les marketplace et la transformation numérique du commerce, ils poursuivent leur diversification vers des secteurs considérés comme peu porteurs il y a encore quelques années. En effet, en 2020, les start-up européennes spécialisées dans la food et l’agritech ont levé 2,7 milliards d’euros, soit 13 fois plus qu’en 2013 [1]. Le marché mondial est valorisé à 250 milliards d’euros en 2022 et pourrait même atteindre 250 milliards de dollars en 2050 pour la seule branche du marché de l’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture, selon Goldman Sachs.
Récoltes foisonnantes de la donnée, pluie de capteurs, culture de l’innovation…
Ce mouvement s’explique notamment par le nécessaire besoin d’évolution des systèmes agricoles mis en place pour subvenir aux besoins alimentaires de l’après-guerre et par le fait de répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux d’aujourd’hui. Ainsi, l’agriculture intègre de plus en plus de technologies dans les itinéraires de culture. Par exemple, l’introduction d’outils d’aide à la décision (OAD) a été permise par l’adoption croissante de capteurs qui créent un gisement de données exploitables, notamment via l’intelligence artificielle. Une fine analyse de celles-ci permet aux agriculteurs d’optimiser leurs rendements par des pratiques précises visant à limiter l’utilisation de l’eau, des engrais et des produits phytosanitaires. Ce modèle, visant à produire plus et mieux avec moins, pourrait à terme inclure l’automatisation dans son équation, à un stade plus poussé que ce que nous connaissons actuellement. Pour autant, les nouvelles technologies appliquées à l’agriculture ne pourront se développer que si ses promoteurs ne tournent pas le dos aux pratiques du passé, afin de proposer des solutions au service des agriculteurs – et non l’inverse – pour mieux les inscrire dans le futur.
Accélérer la transition agricole : qui soutient ce segment de l’économie ?
Ce dynamisme favorise les initiatives et l’effort d’innovation nécessaires à la bonne conduite de cette transition agricole. En 2021, dans le cadre du 4e programme d’investissements d’avenir (PIA4), le gouvernement a lancé la #frenchagritech, soit deux appels à projets dotés de 200 millions d’euros en faveur des start-up spécialisées dans l’agri-food tech. Des initiatives qui favorisent l’émergence d’entreprises telles qu’Abélio, soutenue par le Village by CA Toulouse, qui a permis de montrer l’impact de cette solution développée pour surveiller les cultures et limiter les usages des produits phytopharmaceutiques. Drônes, capteurs, intelligence artificielle… voilà les nouveaux outils, à des stades plus ou moins avancés de la maturité, de l’agriculteur connecté. Mais, lui, l’agriculteur a-t-il les moyens d’une telle évolution de son métier ?
Jérôme Damy, chargé de projet innovation à la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir et partenaire du Village by CA de Châteaudun explique que ces considérations font partie de ses problématiques quotidiennes. Il convient de la contrainte pour l’utilisateur de se familiariser avec ces nouveaux outils. “Acculturation au numérique, formation aux technologies, acquisition de nouvelles compétences, une partie de notre mission consiste à convaincre le dirigeant d’exploitation qu’il peut supporter le coût mais aussi l’adaptation à ces nouvelles méthodes de travail.”
Avec un système agricole en profonde mutation, les incubateurs et les accélérateurs de start-up se spécialisent. En témoigne la démonstration faite par le Lab’O Le Village by CA Orléans qui vient de lancer l’Agreen Lab’O pour connecter tous les acteurs de la filière agricole, horticole et végétale. Parmi les cinq start-up qu’ils accompagnent pour le moment, on retrouve des entreprises spécialisées dans les outils d’aide à la décision comme Seabex qui propose des modèles d’estimation des besoins en irrigation ou Farmviz qui a mis au point un système de signal de rappel de créneau de ventilation pour une conservation optimale des céréales. Cette start-up d’abord accompagnée par le Village by CA Châteaudun en partenariat avec la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loire illustre très bien les synergies que permettent tous les accélérateurs Village by CA. “Nous leur avons apporté une compétence technique avec une phase d’idéation qui visait à tester leurs capteurs dans deux fermes en conditions réelles.” explique Jérôme Damy qui valorise la force de ces partenariats tant sur le plan du réseau que sur l’apport d’expertises.
L’Agreen Lab’O, le Zesteur : des pôles d’excellence au service de la transition
Autre exemple d’association enthousiasmante : l’inauguration de l’accélérateur Agri.Food.Tech Le Zesteur, en janvier 2022, en co-création avec le Village by CA Centre-Est, l’emlyon business school et l’Isara. Il repose sur deux piliers: un parcours d’accélération des start-up et une offre d’accompagnement des entreprises de la filière. Au Village by CA Normandie, également concentré sur les mutations du monde agricole, héberge des start-up telles que LinkinFarm, Recyouest, Blue and Pastel. En effet le Village by CA Normandie, avec ses partenaires et les entreprises accompagnées, s’affirme comme créateur de liens autour des défis de l’agriculture et de l’agroalimentaire.
Tous concernés par les sujets de souveraineté alimentaire, de consommation responsable, de santé publique, de rémunération des agriculteurs… Les enjeux de cette transformation bousculent les anciens modèles pour venir poser la question du bon sens collectif. Les agriculteurs sont en première ligne de ces défis sociétaux et jouent, à ce titre, un rôle pivot dans cette transition. Bien qu’accélérée par la robotique parce qu’elle permet de palier le manque de main d’œuvre, d’exploiter des surfaces agricoles plus grandes etc., l’innovation ne se niche pas que dans la technologie.
Allons voir comment ça se passe sur le terrain grâce à cette vidéo réalisée par le Village by CA Nord de France. Pourquoi cultive-t-on des pastèques dans le Nord, pourquoi faut-il pratiquer l’agriculture biologique ET conventionnelle, pourquoi faut-il pratiquer la vente directe ET vendre aux grandes surfaces ? Si les périodes de transition nécessitent des efforts d’adaptation colossaux, des doutes et des interrogations sans fin, elles sont aussi la promesse d’un avenir plus raisonné et plus viable pour l’humanité… Rien que ça !
[1] Source : The State of Europe Food Tech 2021 : https://www.credit-agricole.com/chaines-d-infos/toutes-les-chaines-d-info-du-groupe-credit-agricole/a-la-une/lancement-du-zesteur-premier-accelerateur-foodtech-a-lyon